LA GARDIENNE DE LA LUMIÈRE
Voici une nouvelle Fantasy que j'avais écrite à l'occasion d'un concours mais suite à un problème technique, elle n'a pas pu faire partie de la liste des textes. Un peu déçue, j'ai tout de même envie qu'elle soit lue et commentée. Pour le concours nous devions nous inspirer d'une image où une jeune femme rousse regardait de la lumière jaillir de sa main.
Bonne lecture
Dans le royaume d’Augunn, la magie et les peuples de la forêt étaient proscrits. Le roi Eiron dirigeait son royaume d’une main de fer. Il contrôlait tout et tout le monde sur ses terres. Paradoxe d’un roi qui honnissait la magie et tout ce qui s’en rapprochait il s’en remettait pourtant à Eréïs, sa jeune protégée, prophétesse et magicienne pour le bien du royaume et pour l’aider lorsqu’il était en guerre. Elle était la seule à pouvoir pratiquer la magie mais elle n’était pas libre de le faire à sa guise. Elle vivait dans la plus haute tour du château. Elle était autorisée à se déplacer mais toujours sous escorte. Elle ne côtoyait les autres habitants du château que sous la tutelle de Lady Elya, sa dame de compagnie. Elle vivait selon les règles du roi Eiron dans une prison dorée.
Eréïs faisait partie du peuple de la forêt. Elle était devenue la protégée du roi durant la guerre qui avait éclaté contre son peuple. Eiron haïssait les peuples de la magie. Des êtres de lumière avaient enlevé sa reine et elle était morte avant qu'il n'arrive pour la secourir. Le roi, fou de douleur, était devenu inconsolable. La guerre avait éclaté. Plus de magie, plus de sorcières, de fées ou d’elfes. Tous avaient fui ou péris.
Eréïs avait grandi et sa magie aussi. Elle possédait en elle un pouvoir qu’elle ne s’expliquait pas. Elle n'était ni fée, ni elfes. Ses grimoires ne parlaient pas des peuples de la magie. Juste enseignaient-ils l'apprentissage des sorts et des potions. En approfondissant ses lectures elle comprit combien l'environnement, la nature, était lié à ses pouvoirs. Il lui était interdit de tenter quelques sorts ou incantations que ce soit seule. Mais sa magie était en elle. Une énergie lumineuse se manifestait parfois malgré elle dans ses mains qu’elle refermait rapidement afin de ne pas attirer l’attention. Elle préférait garder secret ce pouvoir qu’elle ne comprenait pas.
Le temps passant, cette énergie se fit plus présente. Eréïs la sentait bouillir en elle d’un besoin de jaillir et d’inonder l’espace qui l’entourait. Mais à quelle fin ? Elle l’ignorait. Et cela l’inquiétait. Elle avait de plus en plus de mal à la contenir. Elle se sentait attirée, appelée par la nature, dans la forêt. Ce besoin devenait vital. Elle commença à entendre des voix, des murmures, au début incompréhensibles, qui la suppliaient de les rejoindre. Il lui était impossible de les ignorer. Elle voulait connaître ses origines.
Elle avait grandi avec cet étrange sentiment de haine et d’amour envers ce roi qui l’avait pourtant élevé comme un père. Il l’avait épargné, certes, mais il se servait d’elle. Elle avait grandi, résignée, telle une orpheline dont le besoin d’appartenir à une famille avait primé. Aujourd’hui, ses racines l’attiraient à l'extérieur parmi les siens. Et l’énergie en elle réagissait à cet appel. La lumière avait un but, un devoir à accomplir. La décision s'imposa à elle. Elle devait partir.
Elle prétexta un besoin de courses au village pour s'éclipser. Elle si docile d'habitude ne nécessitait pas une surveillance assidue de ses gardes. Elle s'en voulut d'être responsable de leur châtiment à venir mais elle ne pouvait plus faire machine arrière. Elle devait connaître la vérité, comprendre sa destinée et surtout canaliser toute cette énergie lumineuse qui grondait en elle et qui finissait par lui faire peur.
Elle s'aventura, pieds nus dans la forêt. Pour la première fois de sa vie elle se sentit en paix. Elle percevait l'énergie de toutes les créatures vivantes qui l'entouraient, animal et végétal. Elle communiait avec eux.
Son entrée dans la forêt déclencha quelque chose en elle. Sa lumière commença à se libérer. Son peuple sortit de l'ombre et reçu l'énergie lumineuse qui se propagea à travers tout le bois, à travers toutes les formes de vie. La nature et la magie, le souffle de vie était de retours et ils s'en trouvèrent tous régénérés.
Mais ce grand brasier blanc qui se rependait dans la nuit n'avait pas échappé au roi qui, apprenant la disparition d'Eréïs, s'était lancé à sa recherche. Lorsqu'il la rejoignit il fut le témoin de la beauté lumineuse qui irradiait de la jeune femme. Il avait déjà été le témoin de cet échange et cela avait été fatal à sa reine.
— Eréïs ! hurla-t-il.
Elle rouvrit les yeux et s'effondra. Il se précipita vers elle et la prit dans ses bras.
— Eréïs, murmura-t-il des sanglots dans la voix.
— Elle va bien.
Il se retourna. Le roi reconnaissait cette voix. Celle qui avait signé l'arrêt de mort de sa reine. Andras, le roi du peuple de la lumière.
— Elle a libéré la lumière qui la consumait et elle a assuré la pérennité de son espèce. Elle la porte toujours en elle pour pouvoir le moment venu communier encore avec nous et la nature en un échange lumineux vital pour nous tous.
Elle ouvrit les yeux, dans les bras du roi, fou de rage. Mais lorsqu'il croisa son regard sa colère s'envola. Elle était vivante. Il l'aida à se relever, silencieux, ne sachant comment interpréter ce qui venait de se produire.
Andras reprit :
— La lumière est source de vie. Elle est en Eréïs qui en est la gardienne. Mais peu à peu le peuple de la lumière s'est affaibli, étant séparé d'elle. Il nous fallait la récupérer. La lumière passe d'un être à un autre et assure la longévité de notre peuple. Elle est pacifique et lumineuse.
Le roi Eiron le foudroya du regard.
— Mon peuple n'est pas un peuple pacifiste pourtant, dans mon royaume, les pères n'immolent pas leurs enfants !
Eréïs ne comprenait pas. De quoi parlait-il ?
Le roi Andras s'insurgea.
— Thalys n'était pas que ma fille ! Elle était la gardienne ! La lumière faisait partie d'elle et notre survie dépend de la lumière. Elle se devait de rester parmi nous. Vous n'auriez pas du la séduire. Mais, en lui faisant un enfant, vous avez vous-même scellé son destin.
Ses yeux se troublèrent, sa voix trembla.
— En se détournant de nous, elle s'est détournée de la lumière. En mettant l'enfant au monde la lumière s'est naturellement dirigée vers Eréïs privant Thalys du même coup de son essence vitale… elle en est morte.
Le roi Andras reprit en murmurant.
— Ce n'est pas moi qui ai tué Thalys c'est votre "amour".
Le roi Eiron resta sans voix. Il fixait Eréïs le regard grave. Pouvait-il la perdre elle aussi ? Il finit par se détourner d'elle et rejoignit ses hommes.
— Nous rentrons au château, ordonna-t-il à ses chevaliers.
— Père ?
Eréïs commençait à comprendre.
Il ne se retourna pas.
— Ta place est parmi les tiens. Tu as un devoir envers eux. Sois digne de ta mère et sois digne de moi.
Les larmes inondant ses joues elle se lança à sa poursuite et lui fit face. Le roi aussi était profondément ému mais il ne pouvait se permettre cette faiblesse devant ses hommes. Elle se jeta dans ses bras. Il l'étreignit.
— Je suis ton père, lui murmura-t-il. Et je t'aime comme j'ai aimé ta mère. Sois forte ma fille. Il y aura toujours une place pour toi dans le royaume d'Augunn mais tu ne t'appartiens pas. Tu appartiens à la lumière et ton peuple à besoin de toi. Je ne peux pas te perdre comme j'ai perdu ta mère… je ne le supporterais pas. Une trêve naîtra grâce à toi entre le royaume d'Augunn et le peuple de la lumière. Ainsi, toi et moi aurons toujours l'occasion de nous revoir.
Il se tourna vers le roi Andras qui acquiesça.
— La paix pour nos deux peuples.
Eréïs rejoignit le vieil homme, qui était son grand-père et le roi de son peuple, et regarda son père retourner vers le château où elle avait grandi se croyant orpheline.
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